Fin de la route? Quand une Vanlifer achète sa première maison

Après avoir vécu plus d'un an dans un camping-car, l'auteur réfléchit aux limites de s'installer et de rouler éternellement.

Deux logements, une maison en pierre et un camping-car

SAINT-MALO — C'est une vieille maison en pierre perdue dans la campagne de la Bretagne nord, avec un séjour lumineux et spacieux et un beau jardin verdoyant qui s'ouvre sur un immense terrain. Et maintenant c'est le nôtre.

Lorsque mon partenaire et moi étions chez le notaire pour signer le titre de propriété de notre première maison, nous savions que c'était l'une de ces grandes étapes de la vie que nous n'oublierons jamais. Mais dans notre cas, il ne s’agissait pas seulement de l’excitation nerveuse d’ouvrir un nouveau chapitre ; c'était aussi la douceur amère d'en fermer un autre.

En effet, ce n'est techniquement pas la première maison que nous achetons ensemble. En 2018, nous avons acheté un minibus Renault Trafic blanc que nous transformerions en camping-car où nous pourrions dormir et manger – et nous l'avons surnommé « Foxy ». A cette époque, nous avions décidé de tout quitter, boulot et location d'appartement, de sortir de notre routine et de partir avec Foxy à la découverte de l'Europe. Ce qui était censé durer six mois s'est transformé en un voyage de 14 mois à travers 28 pays, sur plus de 58 000 kilomètres.

Ce fut une expérience unique de vraie joie et de découverte : la liberté de choisir où et quand aller et de se réveiller dans un endroit différent pratiquement chaque matin.

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Foxy était en effet notre maison sur roues, un espace minuscule mais confortable dans lequel nous avons aménagé notre cuisine, notre chambre et notre salon faits maison. De ses fenêtres, nous nous réveillions face à des paysages étonnants, des majestueux fjords de Norvège aux pâturages montagneux de Roumanie et aux rivières cristallines de Slovénie. Après avoir cuisiné des spécialités locales sur notre cuisinière à gaz mobile, nous partions vers notre prochaine destination, visiter un village pittoresque ou faire une randonnée dans la nature, avant de trouver un nouvel endroit pour la nuit.

Chaque jour était différent et apportait son lot d'aventures et de découvertes. C'était exaltant de se débarrasser de tant de choses matérialistes et de vivre simplement avec l'essentiel pour arriver au prochain endroit. Il ne s’agissait pas seulement de vivre l’instant présent, mais de vivre dans les lieux que nous découvrions.

Pourtant, la vie à plein temps sur la route comporte ses défis, en particulier dans un petit véhicule. Pas de salle de bain ni de toilettes, pas beaucoup d'espace pour les affaires, même minimes, devoir monter le lit matin et soir, trouver une place pour se garer ou dormir, ou de l'eau pour faire le plein.

Il est généralement facile d'oublier certains de ces inconvénients lorsqu'il fait beau et chaud, beaucoup moins lorsque la pluie et le froid arrivent et que votre espace confiné commence à paraître encore plus petit. Oui, cela fait partie de la « réalité de la vanlife » pas toujours aussi glamour que certaines publications Instagram pourraient le laisser croire.

Conduire le long des majestueux fjords de Norvège

Foxy_the_van

À notre retour en France fin 2019, il était temps pour nous de décider de la suite. Faut-il s'installer ? Continuer à vivre sur la route ? Ou essayer de mélanger les deux modes de vie ? Hélas, la pandémie nous a aidé à prendre cette décision : une fois le confinement commencé, nous avons rapidement convenu tous les deux que nous ne pouvions pas travailler et vivre dans un van en même temps.

Et même si nous emmenons toujours Foxy pour de longs week-ends et des vacances occasionnels en France, nous nous dirigeions finalement vers cette journée douce-amère du mois dernier chez le notaire. Même si acheter et rénover une vieille maison a toujours été un de nos rêves, c’était comme si nous disions au revoir à un style de vie singulier que nous apprécions tant ensemble.

Qu’est-ce que ça ferait de vraiment s’engager à s’installer ? Aurions-nous des démangeaisons à un moment donné lorsque la vue depuis la fenêtre est toujours la même ?

Il s’avère que depuis la COVID, les véhicules récréatifs sont devenus de plus en plus populaires. Cela apporte de nouveaux inconvénients à la vie en van : les spots sont de plus en plus fréquentés, les utilisateurs inexpérimentés laissent leurs déchets et ne respectent pas leurs voisins de passage. En conséquence, les villes mettent en place davantage de restrictions. Barrières de hauteur, panneaux d’interdiction de stationnement et d’interdiction de camping, rochers pour bloquer l’accès…